Restaurée à la suite des ravages de la guerre de Cent Ans et des guerres de Religion, la cathédrale de Luçon possède une étonnante façade classique réalisée par l'architecte poitevin François Leduc à l'aube du 18e siècle.

Origine de la cathédrale de Luçon

La cathédrale de Luçon a une histoire bien plus ancienne qui remonterait vers 675. C’est autour du VIIᵉ siècle qu’un texte mentionne le prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Philbert de Noirmoutier. Les invasions normandes perturbent alors la vie religieuse du monastère, détruit en 853 et 877. Ce dernier, devenu abbaye vers 1040, sera incendié par le Comte de Poitou en 1068. Le pape condamne alors le comte à reconstruire l’église.

Les travaux commencent en 1091 et s’achèvent en 1121, date de sa consécration de l’abbatiale de style roman. De l’époque romane subsiste le transept gauche visible de tous mais également de nombreux éléments sculptés dissimulés dans les combles. Les XIVᵉ et XVᵉ siècles verront la transformation de la cathédrale de Luçon, à partir de son assise du XIIᵉ siècle, notamment celle de la nef avec des éléments gothiques. Ainsi, elle devient cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption en 1317 lors du découpage du diocèse de Poitiers et de la création du diocèse de Luçon.

Architecture

La cathédrale de Luçon possède une étonnante façade classique réalisée par l’architecte poitevin François Leduc à l’aube du XVIIIᵉ siècle. Déjà réalisée par François Leduc, La flèche gothique a été rebâtie au XIXᵉ siècle, elle culmine à 85 m.

Le transept Nord, du côté de la chapelle du St Sacrement (ou chapelle de la Vierge) est le plus ancien de la cathédrale (XIIᵉ siècle). Le plan de la cathédrale de Luçon est en forme de croix. Référence à la croix latine, symbole principal du christianisme, il se rencontre fréquemment dans l’architecture des édifices chrétiens. Ce plan permet à l’autel et au chœur leur orientation à l’Est. Dans la doctrine chrétienne, le choix de cette orientation s’explique par des raisons cosmiques et religieuses : le soleil se lève à l’Est, symbole de la résurrection du Christ et de lumière. Au contraire, le soleil se couche à l’Ouest, symbolisant la mort et les ténèbres. Venez au lever du soleil le matin, vous verrez le vitrail éclairé !

L’anecdote… Placez-vous devant la chapelle du Sacré-Cœur, conçue au 18ᵉ siècle et restaurée en 2012. Regardez les voûtes… Vous ne trouvez pas qu’elles sont de travers ? Eh oui, elles sont de travers parce que les largeurs entre les colonnes sont variables. Par exemple, le chœur est beaucoup plus large que la nef. Cela entraîne des ajustements qui donnent cette impression d’irrégularité.

Le cloître

Le cloître vient du mot clôture, c’est-à-dire un espace clos. Il s’agit dans les monastères d’un espace réservé aux moines où ils restaient à l’écart du monde. Ce cloître a remplacé celui de l’abbaye bénédictine médiévale. La construction des trois galeries du cloître et de l’étage de l’aile Ouest se situe au cours de la première moitié du XVIᵉ siècle, quant à l’étage de l’aile Est, les plans en ont été dressés en 1874. Bien que les voûtes d’ogives des trois galeries soient de style gothique flamboyant (fin XVᵉ), les clefs de voûte de la galerie Ouest ont un décor de cuirs découpés, une caractéristique de la Renaissance.

L’étage de cette aile est particulièrement remarquable, avec ses pilastres à losanges et sa mouluration relevant du répertoire de la première Renaissance. À partir de 1858, lors de la restauration du cloître par l’architecte diocésain Juste Lisch, l’étage a été profondément remanié. Il ne reste rien des aménagements intérieurs. C’est pour héberger les 30 000 livres légués par Mgr Jacques Marie Baillès en 1873 que Mgr Charles Théodore Colet demanda de surélever l’aile Est. En 1874, l’entrepreneur Luçonnais Henri Hibert se charge de sa réalisation.

Au rez-de-chaussée, une porte en accolade, refaite au XIXᵉ siècle, donne accès à une partie de l’évêché aménagée dans l’ancienne salle capitulaire. Cette galerie communique avec la cathédrale par une porte datant de la fin du XVIIᵉ siècle surmontée de deux anges encadrant un écu effacé lors de la Révolution. Le cloître de la cathédrale de Luçon se visite en même temps que la cathédrale.

Le cardinal de richelieu

Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, est né en 1585 à Paris et mort en 1642 dans cette même ville. Pair de France, nous lui devons la création de l’Académie Française. Initialement destiné au métier des armes, il entre dans les ordres, afin de conserver à sa famille le bénéfice de l’évêché de Luçon.

Richelieu devient évêque de Luçon le 18 décembre 1606 par le roi Henri IV. Peu après son installation dans son diocèse, il montre son caractère de réformateur catholique en étant le premier évêque en France à mettre en œuvre les réformes institutionnelles. On lui doit la phrase « le plus vilain de France, le plus crotté et le plus désagréable » en parlant de son évêché de Luçon. Il devient cardinal en 1622 et principal ministre d’État de Louis XIII en 1624. Richelieu reste en fonction jusqu’à sa mort, en 1642, date à laquelle le cardinal Mazarin lui succède.

Le caveau des évêques

Sept anciens évêques reposent dans le caveau situé sous le cœur de la cathédrale de Luçon. C’est un droit qu’ils obtiennent en devenant évêque de Luçon. Une plaque entourée d’un cordon de protection marque son entrée. Le nom des évêques, ainsi que leur blason, est gravé dans le marbre. L’Évêché de Luçon, qui est de l’autre côté du cloître que vous verrez en sortant, est le lieu de résidence de l’Évêque depuis sa création, soit depuis 1317. Si l’Évêque n’est pas dans la cathédrale (il ne vient que lors de grandes cérémonies), il est probable qu’il est juste à côté dans l’Évêché.

Le mobilier, création de Goudji

À la croisée de transept, consacré en 1995, l’autel est l’œuvre d’un artiste contemporain, GOUDJI, sculpteur-orfèvre. Il a voulu mettre en valeur les deux tables : l’autel, table du repas (L’Eucharistie : le Christ se donne en nourriture)l’ambon, table de la Parole (La Parole de Dieu). Au sommet de l’ambon, un aigle semble prêt à prendre son envol. Il représente Saint-Jean l’évangéliste. À gauche de l’autel, s’élève la cathèdre, siège de l’évêque de Luçon, ornée d’un blason portant en son centre une colombe.

L’Autel est le lieu de l’eucharistie (la messe, c’est un mot grec qui veut dire « merci »). C’est là que le prêtre reproduit les gestes de Jésus. L’Ambon est un pupitre sur lequel on pose les textes de la Bible qui vont être lus au début de la messe. C’est le lieu de la proclamation de la Parole (la Bible) qui se fait dans la première partie de la messe. La cathèdre est le trône de l’Évêque de Luçon aujourd’hui, signe de son autorité sur son Église locale, qu’on appelle un diocèse. Il se caractérise par sa taille, ses armoiries, son emplacement : dans le chœur, le long du pilier gauche. C’est là que s’assoit l’Évêque, et lui seul, lors des cérémonies où il est présent.

L’Orgue de la cathédrale de Luçon

L’orgue, construit pour pouvoir être présenté à l’exposition universelle de 1855 à Paris, est une réalisation d’Aristide Cavaillé Coll, l’un des plus grands facteurs d’orgue français du XIXᵉ siècle. Mais finalement, il sera installé à Luçon en 1857. Il remplace ainsi l’ancien orgue, abîmé lors de la chute d’un morceau de la flèche, 10 ans plus tôt.

Durant l’été, la cathédrale de Luçon accueille tous les dimanches des concerts « les jeux d’orgues ». Les grands organistes aiment venir y jouer, car les caractéristiques de cet orgue sont exceptionnelles à plus d’un titre.

L’anecdote… On dit que le Général de Gaulle serait souvent venu à la cathédrale de Luçon.

Les grandes dates de la cathédrale de Luçon

  • 1317, l’abbatiale devient cathédrale.
  • 1481, le chœur, endommagé, est reconstruit en style gothique flamboyant avec une voûte plus complexe.
  • De 1530 à 1550, construction des chapelles sud.
  • XVIᵉ siècle, les évêques aménagent un cloître élégant dont la galerie occidentale est surmontée d’un étage à fenêtres avec meneaux.
  • En 1622, dernière année de l’épiscopat de Richelieu, la cathédrale est saccagée.
  • En 1655, le clocher s’écroule, écrasant la première travée de la nef.
  • Au cours du XVIIe siècle, reprise de la façade par François le Duc dit Toscane.
  • En 1722, construction des chapelles nord.
  • Seconde moitié du XVIIIᵉ, construction du maître-autel à baldaquin, des stalles et des boiseries.
  • Le 27 décembre 1999, la tempête ébranle le haut de la flèche et emporte le coq. Les dégâts occasionnés au sommet de la flèche imposent un lourd travail de reconstruction.
  • Au cours de l’année 2004, le sommet de la flèche est démonté sur 8 m et reconstruit pierres à pierres.

De cette histoire mouvementée, reste un édifice qui porte les traces de tous styles, mais néanmoins harmonieux.